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RÉSUMÉ : « C’est l’histoire d’un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d’un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère.
C’est l’histoire d’un garçon mélancolique parce qu’il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l’échec de leur mariage.
C’est l’histoire d’un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu’il les avait gagnées […].
C’est l’histoire d’une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés.
Telle est la vie que j’ai vécue : un roman français. »
Pour les citations de l’oeuvre c’est ICI
« Souvent je reconstruis mon enfance par politesse. « Mais si, Frédéric, tu te souviens ? » Gentiment, je hoche la tête : « Ah oui, bien sûr, j’ai collectionné les vignettes Panini, j’étais fan des Rubettes, ça me revient, maintenant. » Je ne suis navré de l’avouer ici : rien ne revient jamais ; »
THE RUBETTES
Sugar Baby Love
Groupe britannique en vogue dans les années 1970
« Quatre ans plus tard, rédigeant « Au secours pardon », je me suis souvenu avec délice d’un samedi soir dans le duplex paternel, où mes pantoufles et mes rougissements séduisirent quelques mannequins nordiques qui écoutaient le double album orange de Stevie Wonder. »
Je vais poster celles de l’album que je connais et apprécie :
I Wish
Isn’t She Lovely
Another Star
As
« Le 28 janvier 2008, la soirée avait bien commencé : dîner arrosé de grands crus, puis tournée habituelle de bars tamisés, consommation de shots de vodka multicolores, à la réglisse, à la noix de coco, à la fraise, à la menthe, au curaçao ; avalés cul sec, les verres noirs, blancs, rouges, verts, bleus, avaient la couleur des voyelles de Rimbaud. Je fredonnais « Where is my mind » des Pixies sur mon scooter. »
THE PIXIES
Where is my mind
« Une cantatrice veuve (née à Dalton, Georgia) nommée Nellie Harben Knight y interprétait des lieder de Schubert, des airs de Noces de Figaro et la célèbre mélodie de Puccini : « O mio babbino caro » en robe longue blanche à dentelles, du moins je l’espère. »
SCHUBERT
Lieder Schwarzkopf / Fischer
MOZART
Les noces de Figaro
PUCCINI
O Mio Babbino Caro
« Ma mère sort de Patrakénéa [la maison de vacances de sa mère à l’époque] en jupe à pois, un 45 tours des Platters à la main. »
THE PLATTERS
The Great Pretender
« On se rendait dans la villa de Denise Armstrong, une mannequin couturière qui était l’amie de Josephine Baker (on prononçait « Bacaire ») »
JOSEPHINE BAKER
J’ai deux amours
Frédéric au sujet de sa première boum : « Quatre ampoules de couleur (une rouge, une verte, une bleue et une jaune) clignotaient approximativement en rythme sur If you leave me now de Chicago (première pelle, debout) et I’m not in love de 10CC (deuxième pelle, assis sur le canapé). Ces chansons me font encore pleurer à chaque fois que je les entends. Quand elles passent à la radio, si quelqu’un ose parler, zapper, ou envisage de baisser le son, je peux commettre un meurtre. »
CHICAGO
If you leave me now
10CC
I’m not in love
« Ma mère portait un mini-kilt écossais rose pâle ; sur certaines photos de cette époque, elle ressemble à Nancy Sinatra dans le Scopitone de Sugar Town, 1967. »
NANCY SINATRA
Sugar Town
« Maintenant à Bagatelle, des téléphones portables sonnent, des motos de cross vrombissent, des ados crient en jouant au foot sur les pelouses, des familles font griller des merguez sur des barbecues et des ghetto-blasters diffusent Womanizer de Britney Spears au volume maximal. »
BRITNEY SPEARS
Womanizer
« Le Bois n’a plus le même charme que dans les années soixante : il n’y avait pas de transformistes à l’arrière de la voiture grise très haute de mon père mais un marchepied, des tablettes en acajou, Joan Baez et une odeur de vieux cuir. »
JOAN BAEZ
Diamonds and Rust
« puis papa a enfoncé dans son tableau de bord la cartouche 8 pistes de Rubber Soul, le meilleur album des Beatles, qui venaient eux aussi de se séparer, et nous avons chanté « Baby you can drive my car, and Baby I love you, beep beep yeah » en dodelinant de la tête comme la famille unie que nous n’étions plus. »
Je m’excuse d’avance pour la qualité, voire l’inexistence des morceaux : les albums des Beatles sont très protégés donc pratiquement introuvables sur Youtube.
THE BEATLES
Drive My Car
Norwegian Wood
You Won’t See Me
Nowhere Man
Think For Yourself
The Word
Michelle
What Goes On
Girl
I’m looking Through You
In My Life
Wait
If I Needed Someone
Run For Your Life
« J’ai possédé un mange-disque en plastique orange dans lequel j’introduisais des 45 tours de groupe Il était une fois, de Joe Dassin, Nino Ferrer ou Mike Brant. La chanteuse d’Il était une fois est morte d’une overdose, Joe Dassin également, et Mike Brant et Nino Ferrer se sont suicidés. Très tôt, on peut donc dire que j’avais des goûts culturels borderline. »
JOE DASSIN
Il était une fois nous deux
NINO FERRER
Le Sud
MIKE BRANT
Qui saura
IL ÉTAIT UNE FOIS
Rien qu’un ciel
« Je m’identifiais énormément aux « Non-A », les « non-aristotéliciens », un roman de 1948 traduit par Boris Vian«
BORIS VIAN
Je Bois
« Je faisais circuler un bol d’Apéricubes. Les filles réclamaient de la bossa nova. Je mettais un 33 tours que mon père venait de rapporter de New York : la bande originale de Jonathan Livingstone Le Goéland par Neil Diamond. Rien à voir avec une bossa nova mais les mannequins adoraient (et adorent encore) cette musique mièvre, c’est un tuyau que je vous donne, ou alors Year of the Cat d’Al Stewart, succès garanti, là elles se mettaient à battre des mains et s’écriaient « waow ».
JORGE BEN
Comanche (mon morceau bossa du moment)
NEIL DIAMOND
Jonathan Livingston le Goéland BO
Be
Flight Of The Gull
Dear Father
Skybird
Lonely Looking Sky
AL STEWART
The Year Of The Cat
« L’ambiance indisciplinée chez mon père, avec en fond sonore les gémissements de Jose Feliciano – le Ray Charles portoricain – et les rires haut perchés de femmes étrangères, l’odeur de whisky tourbé se mêlant à la fumée du feu de bois crépitant dans la cheminée, les klaxons provenant des fenêtres ouvertes sur la rue, un brouhaha permanent, des bols de noix de cajou, les cendriers pleins avec parfois une gélule d’amphétamine coupe-faim perdue entre les mégots, cette fête « moderne » contrastait avec la rigueur de la semaine chez ma mère, qui écoutait les chansons cafardeuses de Barbara, Serge Reggiani ou Georges Moustaki, respectait des horaires d’école stricts, dans la monotonie des journées d’hiver, l’ami Ricoré le matin, les cartables pesants qui sciaient nos frêles épaules, la cantine dégueulasse avec ingestion quotidienne de céleri rémoulade et de macédoines de légumes, et le visage triste de Roger Gicquel tous les soirs sur l’écran de la télé couleur louée chez Locatel, après le dîner dans la cuisine – escalopes à la crème, spaghettis, yaourts viennois de la marque Chambourcy – et l’on devait toujours se coucher tôt puisque le lendemain était identique. »
JOSE FELICIANO
Ain’t No Sunshine
RAY CHARLES
I Got A Woman
BARBARA
Dis, quand reviendras-tu ?
SERGE REGGIANI
Il suffirait de presque rien
GEORGES MOUSTAKI
Le Métèque
Beigbeder parle des week-ends qu’il passait à faire des cassettes pour son père pour qu’il les écoute lorsqu’il était en déplacement : « J’enchaînais les morceaux, créant des progressions dans le rythme, variant les émotions, alternant les styles, cherchant à le surprendre avec Don’t sleep in the subway de Petula Clark au milieu de deux slows (Could it be magic de Barry Manilow et Oh Lori des Alessi Brothers.)
PETULA CLARK
Don’t sleep in the subway
BARRY MANILOW
Could it be magic
ALESSI BROTHERS
Oh Lori
« Le pré-ado se crée une nouvelle famille avec les chanteurs qu’il idolâtre, une tribu choisie qui l’accueille : les fans de Tommy des Who dans mon lycée ou les groupies de Bob Marley me semblaient plus proches de moi que mon propre frère. »
THE WHO (Tommy album)
Ouverture
It’s a boy
1921
Amazing Journey
Sparks
Eyesight to the blind…
BOB MARLEY
Waiting in vain
« Aujourd’hui, lorsque je réécoute Don’t sleep in the subway, à l’arrivée du refrain splendide, aussi beau et surprenant que celui de God only knows des Beach Boys (dont il s’inspire sans doute), je bascule dans le temps comme l’écrit Proust : « Rien qu’un moment du passé ? Beaucoup plus, peut-être ; quelque chose qui, commun à la fois au passé et au présent, est beaucoup plus essentiel qu’eux deux. »
BEACH BOYS
God only knows
« Je changeais d’avis, je faisais des brouillons de cassettes, remplaçant Don’t sleep in the subway par Dream a little, dream of me des Mamas and Papas – je me rends compte seulement ici, en l’écrivant, que le choix de ce groupe n’était pas innocent. »
THE MAMAS AND PAPAS
Dream a little, dream of me
« À neuf ans, ma fille passe par les mêmes étapes d’attachement musical que moi, en ce moment elle est folle de « Hannah Montana » et de « High School Musical« , je l’ai aidée à coller les posters de Miley Cyrus et Zac Efron édités par Disney Channel dans sa chambre. I just wanna be with you est notre chanson préférée : elle pour la mélodie, moi pour les paroles. »
HANNAH MONTANA
Nobody’s Perfect
MILEY CYRUS
When I look at you
HIGH SCHOOL MUSICAL
I just wanna be with you
« Dans l’Aston Martin, l’autoradio à cartouches diffusait I’m Looking through you des Beatles : « I’m looking through you / Where did you go ? / I thought I knew you / What did I know ? »
THE BEATLES
I’m looking through you
L’auteur parle de son père, après le divorce, qui l’emmenait avec son frère au cinéma : « Comme papa ne savait pas trop comment nous parler, il avait commencé par nous emmener voir toutes les opérettes de Francis Lopez au Châtelet (je me souviens de Gipsy avec José Todaro) (…) il y eut la période Marx Brothers (…) la période Jacques Tati (…) la période Mel Brooks (…) la période des Inspecteurs Clouseau (…) Généralement on projetait un dessin animé (…) suivi de publicités pour l’Aéroport de Paris avec la chanson I started a joke des Bee Gees ou Without you de Nilsson »
BEE GEES
I started a joke
NILSSON
Without you
« Quand il révisait Maths Sup, je montais le son de Blue Oyster Cult. Pas évidente, la cohabitation. »
BLUE OYSTER CULT
Burnin’ for you
« C’est bizarre d’avoir un nouveau père ; tout attachement est interdit. Mon père le haïssait, je sentais que je n’avais pas le droit d’aimer ce Baron si aimable dans ses vestes rayées en seersucker, qui m’offrait des cadeaux, m’emmenait pêcher le maquereau en Irlande, jouait du jazz sur son piano désaccordé, recevait tout Castel dans son grand salon blanc, dansait des sambas de Jorge Ben avec maman rue Mabillon »
JORGE BEN
O telefone
« C’est pourtant chez lui [ce beau-père en question] que Charles et moi avons organisé nos premières boums, cinq ans plus tard, où Charles passait cent fois Because the night de Patti Smith, et où je mettais cent fois One step beyond de Madness. Nous dansions tellement le ska dans la salle à manger que nos semelles laissaient des traces noires sur le parquet blanc. »
MADNESS
One step beyond
« Mon nouveau père était l’homme que mon premier père essayait de devenir. Playboy – il était sorti avec la chanteuse Jeane Manson -, et businessman – il travaillait pour Antoine Riboud, le PDG de BSN Gervais Danone. »
JEANE MANSON
Vis ta vie
« Voyant que j’écoutais attentivement sa programmation, le disc-jockey de Castel m’avait offert une cassette que j’écoute encore parfois dans l’autoradio de la vieille BMW de mon père, seule machine qui me permette encore d’entendre des cassettes audio : Radioactivity de Kraftwerk mixé avec Speak to me/Breathe de Pink Floyd. Je pense encore que c’est le plus bel enchaînement de tous les temps. »
KRAFTWERK
Radioactivity
PINK FLOYD
Speak to me/breathe
« J’étais enfermé dans un mensonge. D’avoir compris que mon amnésie provenait d’un simple non-dit, tout m’est réapparu sur le mur de mon trou à rats, c’était comme si le jour se levait, comme si un rideau s’ouvrait sur une enfance enfin libérée. Tout, je voyais tout : quand je faisais du tricycle dans l’entrée carrée de Neuilly, et le duplex dans le XVIème où j’ai appris la mort de De Gaulle et goûté mes premières cerises, et les batailles contre mon frère pour avoir le coquetier bleu et la cuiller pointue, et la grande boîte de feutres multicolores Caran d’Ache pour dessiner des arbres sur le papier peint de ma chambre, et quand on écoutait le 33 tours du Petit Prince dit par Gérard Philipe je pensais que c’était le Prince qui avait donné son nom à la rue où l’on habitait, et le premier hamburger McDonald’s à l’angle de la rue Monsieur-le-Prince (…) et Get Down de Gilbert O’Sullivan en 45 tours’
GILBERT O’SULLIVAN
Get Down
« Ce qui me vient de ma mère :
– les ballades d‘Elton John de 1969 à 1975, sommet de la musique pop mondiale. (…)
– Singin’ in the rain de Gene Kelly et Stanley Donen (…)
– la bande originale d’American Graffiti »
ELTON JOHN
Rocket Man
GENE KELLY & STANLEY DONEN
Singin’ in the rain
AMERICAN GRAFFITI (BO très longue donc petite sélection : )
BUDDY HOLLY
That’ll be the day
CHUCK BERRY
Johnny B Good
FAT’S DOMINO
Ain’t that a shame
« J’eus ensuite rendez-vous avec une psychiatre entre deux sosies de Marilyn Manson aux joues creuses. »
MARILYN MANSON
Tainted Love
« j’avais une liberté hallucinante pour un bachelier de seize ans même pas dépucelé. Auparavant, j’avais passé plusieurs étés dans des « summer camps » américains à apprendre le tennis avec Nick Bolletieri et les paroles de Dust in the wind du groupe Kansas. »
KANSAS
Dust in the wind
« J’essayais de ressembler à John Lurie, le saxophoniste des Lounge Lizards. »
LOUNGE LIZARDS
No pain for cakes
« La marée est basse ; à l’aide de ses fines gambettes interminables, ma fille saute de rocher en rocher comme un cabri. Un cabri qui porterait une doudoune beige, une paire de bottes en daim et chanterait Laisse tomber les filles de France Gall. »
FRANCE GALL
Laisse tomber les filles
Chloé Janiaud
Une réflexion sur “UN ROMAN FRANÇAIS DE FRÉDÉRIC BEIGBEDER – 2009”