Voici la Bible du Rock’n’Roll, l’autobiographie de Keith Richards, guitariste des Rolling Stones.
RÉSUMÉ : Hors-la-loi malgré lui, fouteur de merde patenté, guitariste génial, Keith Richards s’est forgé une existence dont beaucoup rêveraient mais dont peu s’imaginent la réelle teneur. Et le plus incroyable, c’est qu’il est toujours là pour la raconter ! Voici donc l’inégalable autobiographie d’un original qui a toujours fait ce qu’il avait à faire et dit ce qu’il pensait. Dans un récit unique – féroce et sans le moindre fard -, Keith Richards nous raconte cette vie à deux cents à l’heure, qui a vu un gamin d’une banlieue modeste de Londres obsédé par Chuck Berry et Muddy Waters s’unir à Mick Jagger pour fonder les Rolling Stones et hisser ses parties de guitare au rang d’hymnes planétaires. Avec une totale franchise, il raconte les hauts et les bas, l’ascension fulgurante, les arrestations, les tournées démentielles, les femmes, l’alcool et l’addiction à l’héroïne qui ont fait de lui l’un des plus notoires « mauvais garçons » du rock. Il nous explique comment il a créé les riffs révolutionnaires, explosifs qui font de « Satisfaction », « Jumping Jack Flash » ou « Gimme Shelter » les plus grands classiques du rock, il évoque pour nous la vérité derrière la relation passionnelle qui l’a uni à la non moins scandaleuse Anita Pallenberg, dont il a eu trois enfants, sans oublier la mort tragique de Brian Jones en passant par son histoire d’amour avec Patti Hansen et ses rapports tumultueux avec Jagger. C’est un véritable road-movie qui défile devant nos yeux, celui d’une vie sur le fil du rasoir, débridée, sans crainte du qu’en-dira-t-on, menée au pas de charge par celui qui restera à jamais « Keith ».
I
« Avec moi, dans la voiture, il y avait Ronnie Wood (guitariste des Stones). »
RONNIE WOOD
Stay With Me
II
« Jim Dickinson, le musicien du sud des États-Unis qui joue du piano sur « Wild Horses », nous avait dit que les paysages du « Texarkana » valaient le détour. Et on en avait marre de l’avion. »
JIM DICKINSON
Money Talks
THE ROLLING STONES
Wild Horses
III
« Tu rêves d’être un bluesman, et une minute plus tard tu es bluesman, tu es entouré d’autres bluesmen et juste à côté de toi il y a Muddy Waters. Ça s’est passé si vite que tu n’as pas eu le temps de comprendre toutes ces sensations qui t’assaillent. Ça revient après en flash-back, parce que c’est tout simplement trop. C’est une chose de jouer un morceau de Muddy Waters, c’en est une autre de jouer avec Muddy Waters. »
MUDDY WATERS
Manish Boy
IV
« C’était la tournée de la bite gonflable géante. Elle se dressait progressivement sur scène lorsque Mick entonnait « Starfucker« . C’était une idée géante, la bite géante, même si on l’a payé par la suite lorsque Mick s’est mis à réclamer des accessoires à chaque tournée pour masquer son insécurité. »
THE ROLLING STONES
Starfucker
V
« Il n’y a pas longtemps, on a pris la voiture à huit heures et demie du matin pour s’en faire un avec Alan Clayton, le chanteur des Dirty Strangers. On avait fait nuit blanche et on a été pris d’un besoin de sucre urgentissime. Il a fallu poireauter trente bonnes minutes devant la boutique avant qu’ils ouvrent. »
DIRTY STRANGERS
Going Insane
VI
« Il me disait : « Joue Malaguena, tu peux jouer tout ce que tu veux. »
Gus, le grand-père de Keith Richards, l’initie à la guitare en lui parlant de cette chanson.
MALAGUENA
VII
« Surtout dans l’atmosphère morose des années 1950, il lui (sa tante Joanna) suffisait de se pointer et c’était comme si les Ronettes existaient déjà. »
THE RONETTES
Be My Baby
VIII
« On chantait ensemble. Le moindre truc qui passait à la radio, on disait : « Essayons ça. » Je me revois vocaliser avec elle (sa tante Joanna) sur « When Will I Be Loved » des Everly Brothers. »
EVERLY BROTHERS
When Will I Be Loved
XIX
« Dimashio’s, c’était le café-glacier de Dartford (sa ville d’enfance). Le fils du vieux Dimashio était à l’école avec nous, un gros lard d’Italien qui se faisait quand même plein d’amis en les amenant au troquet de son père. Comme il y avait un juke-box, on s’y donnait rancard. Jerry Lee Lewis et Little Richard ! »
JERRY LEE LEWIS
Whole Lotta Shakin’ Going On
LITTLE RICHARD
Long Tall Sally
XX
« Doris (sa mère) était différente. Elle avait l’esprit musical, comme Gus (son grand-père) À la fin de la guerre, j’avais trois ou quatre ans et j’écoutais Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Big Bill Broonzy, Louis armstrong… Ça me parlait, c’était ce que j’entendais tous les jours parce que ma mère écoutait ça. »
ELLA FITZGERALD
Cry Me A River
SARAH VAUGHAN
Misty
BIG BILL BROONZY
Baby Please Don’t Go
LOUIS ARMSTRONG
When You’re Smiling
XXI
« Je ne savais pas si les chanteurs et chanteuses que j’écoutais étaient blancs, noirs ou verts, mais au bout d’un moment, si vous avez l’oreille musicale, vous voyez bien qu’il y a une différence entre Ain’t That a Shame interprété par Pat Boone et par Fats Domino »
PAT BOONE
Ain’t That A Shame
FATS DOMINO
Ain’t That A Shame
XXII
« Doris aimait la même musique que son père. Il lui disait d’écouter Stéphane Grappelli, le Hot Club de Django Reinhardt avec cette merveilleuse guitare swing, et Bix Beiderbecke. Elle adorait le jazz swing. »
STÉPHANE GRAPPELLI & DJANGO REINHARDT
Minor Swing
BIX BEIDERBECKE
Singing The Blues
XXIII
« Si mes souvenirs sont exacts, le premier disque que j’ai acheté était « Long Tall Sally » de Little Richard. Fantastique, encore aujourd’hui. Les bons disques s’améliorent toujours en vieillissant. Mais ce qui m’a réellement scié, qui m’a explosé à la figure une nuit que j’écoutais Radio-Luxembourg sur ma petite radio alors que j’aurais dû dormir depuis longtemps, ça a été « Heartbreak Hotel« . Le choc. Je n’avais jamais rien entendu de pareil. Jamais entendu Elvis. »
ELVIS PRESLEY
Heartbreak Hotel
XXIV
« Et brusquement, j’ai été submergé : Buddy Holly, Eddie Cochran, Little Richard, Fats…. »
BUDDY HOLLY
Everyday
EDDIE COCHRAN
Summertime Blues
XXV
« Donc je suis là, je suis censé dormir, aller à l’école le lendemain matin, et il y a des tonnes de pubs pour James Walker, le « bijoutier de votre grande-rue », pour la loterie irlandaise avec laquelle Radio-Lux avait certainement un contrat, et la réception était parfaite, « et maintenant, voici Fats Domino dans « Blueberry Hill » ! » et, merde de merde, les premières notes disparaissaient dans la friture. »
FATS DOMINO
Blueberry Hill
XXVI
« Ensuite, il y a eu « Since My Baby Left Me« . Comme ça sonnait ! Ça a été le dernier détonateur. Le tout premier rock’n’roll que j’aie entendu. »
ELVIS PRESLEY
Since My Baby Left Me
XXVII
« J’ai encore mon carnet de croquis et mon bloc-notes de cette année là (…) La page deux, après un développement sur le scoutisme – je vais y revenir dans un instant – s’intitule « Liste de 45 t. ». Première ligne : « Titre : Peggy Sue Got Married. Musicien(s) : Buddy Holly. » En dessous, d’une écriture un peu moins appliquée, des noms de filles dans des cercles (…) Dans la liste des LP, il y a The Buddy Holly Story, A Date With Elvis, Wilde About Marty, The « Chirping Crickets…(albums) On y trouve les incontournables, Ricky Nelson, Eddie Cochran, les Everly Brothers, Cliff Richard (« Travellin’ Light« ), mais aussi Johnny Restivo (« The Shape I’m In« ), qui arrivait à la troisième place de ma liste, « The Fickle Chicken » par The Atmospheres, « Always » de Sammy Turner, ce genre de trésors oubliés.
BUDDY HOLLY
Peggy Sue Got Married
RICKY NELSON
I Will Follow You
CLIFF RICHARD
Travellin’ Light
JOHNNY RESTIVO
The Shape I’m In
THE ATMOSPHERES
The Fickle Chicken
SAMMY TURNER
Always
XXVIII
« À ce stade, Elvis domine le paysage, au point qu’un chapitre spécial du carnet lui est consacré. Mon premier disque : « Mystery Train« , « Money House« (introuvable sur youtube…), « Blue Suede Shoes« , « I’m Left, You’re Right, She’s Gone« , le nec plus ultra de ses enregistrements au Sun Studio de Memphis. »
ELVIS PRESLEY :
Mystery Train
Blue Suede Shoes
I’m Left, You’re Right, She’s Gone
XXIX
« Elvis me bluffait, d’accord, mais j’étais encore plus impressionné par Scotty Moore et le groupe. Même chose pour Ricky Nelson ; je n’ai jamais acheté aucun de ses disques mais j’en avais un de James Burton.
SCOTTY MOORE
Mystery Train
JAMES BURTON
XXX
« Les groupes derrière les chanteurs m’impressionnaient autant que les vedettes. Celui de Little Richard, par exemple, qui était à peu près le même que celui de Fats Domino et qui était en réalité la formation de Dave Bartholomew. J’étais au courant de tous ces détails. »
DAVE BARTHOLOMEW
That’s How You Got Killed Before
XXXI
« Cette aisance, cette magnifique désinvolture… Et bien sûr, c’était encore mieux avec la formation de Chuck Berry. »
CHUCK BERRY
You Never Can Tell
XXXII
« L’endroit était plein de guitaristes. À l’époque, c’est-à-dire au moment où le rock à la sauce british prenait son envol, les écoles de graphismes ont fourni une flopée de bons guitaristes. C’était presque des ateliers de guitare – en gros on jouait du folk, surtout du Jack Elliott.«
JACK ELLIOTT
Cocaine
XXXIII
« Personne ne vous demandait si vous faisiez partie de l’école, alors on retrouvait aussi les musiciens du coin. Wizz Jones était un habitué, avec ses cheveux et sa barbe à la Jésus-Christ. Super guitariste folk, super guitariste tout court, il se produit toujours -«
WIZZ JONES
First Girl I Loved
XXXIV
« À l’époque Wizz Jones était un homme suivi de près par des gens comme Clapton et Jimmy Page – je le tiens des intéressés. »
ERIC CLAPTON
Tears In Heaven
JIMMY PAGE
XXXV
« Je me serais farci tous les disques d’Acker Bilk (une des stars des jazzeux traditionnels) juste pour la regarder danser. »
ACKER BILK
Stranger On The Shore
XXXVI
« C’est bizarre, ce baiser resté bien plus vif dans ma mémoire que tous ceux qui sont venus après. Et Célia, bien sûr, rencontrée un soir au club de Ken Colyer. »
KEN COLYER
Canal Street Blues
XXXVII
« Il ne faut pas s’imaginer qu’on est le nouveau Townshend ou Hendrix parce qu’on sait faire oua-oua-oua avec sa pédale et qu’on connaît deux ou trois trucs électroniques. D’abord, il faut maîtriser cette saloperie d’instrument. »
PETE TOWNSHEND
Let My Love Open The Door
JIMI HENDRIX
Voodoo Child
XXXVIII
« La musique enregistrée a libéré un paquet de musiciens qui ne pouvaient pas forcément s’offrir des cours de solfège, comme moi. Avant 1900, il y a Mozart, Beethoven, Bach, Chopin et tout le toutim. La musique enregistrée a été une libération. »
MOZART
Requiem
BEETHOVEN
Sonate Au Clair de Lune
BACH
CHOPIN
XXXIX
« Certains aimaient le folk, le jazz moderne, le jazz tradi, d’autres des trucs plutôt bluesy. Donc, on écoutait de la proto-soul. Toutes les influences étaient là. Et il y avait un son qui vous marquait – les tablettes de la loi, gravée pour la première fois dans le marbre musical : Muddy Waters. « Smokestack Lightning« , chanté par Howlin’ Wolf, et aussi Lightning Hopkins. Et un disque intitulé Rhythm’n’Blues, vol 1. On pouvait y écouter Buddy Guy jouer « First Time I Met Blues« . Il y avait un morceau de Little Walter.«
MUDDY WATERS
Smokestack Lightning
HOWLIN’ WOLF
Smokestack Lightning
Lightning Hopkins
BUDDY GUY
First Time I Met Blues
LITTLE WALTER
My Babe
XL
« J’ai passé deux années à écouter Chuck Berry sans savoir qu’il était noir, bien avant de la voir jouer « Sweet Little Sixteen » dans le film qui a fait disjoncter mille musiciens, « jazz on a summer’s day ». »
CHUCK BERRY
Sweet Little Sixteen
XLI
« Dans le LP d’Elvis en question, il y avait tous les morceaux de Sun Records, et aussi un ou deux enregistrements RCA. On y trouvait tout, depuis « That’s All Right » jusqu’à « Blue Moon of Kentucky » en passant par « Milk Cow Blues Boogie« .
ELVIS PRESLEY
That’s All Right
Blue Moon Of Kentucky
Milk Cow Blues Boogie
XLII
« Je ne voulais peut-être pas devenir Elvis, mais pourquoi pas Scotty Moore ? Scotty était mon idole. C’était le guitariste d’Elvis sur tous les enregistrements de Sun Records, « Mystery Train« , « Baby Let’s Play House » Depuis, j’ai rencontré le bonhomme, j’ai même joué avec lui. »
ELVIS PRESLEY
Baby Let’s Play House
XLIII
« Mais à l’époque, réussir à jouer « I’m Left, You’re Right, She’s Gone« , c’était le summum de l’art de la guitare. Et « Mystery Train » et « Money Honey » ? Je me serais damné pour jouer comme ça. »
ELVIS PRESLEY
Money Honey
XLIV
« Les Creedence Clearwater Revival ont enregistré une version de la chanson, mais quand on arrive au moment crucial, il n’y a rien. (Keith parle d’un motif que possède Scotty qu’il n’arrive jamais à reproduire.) »
CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL
I Put A Spell On You
XLV
« Il (Dave Chaston, le type le plus « cool » de l’école) avait eu le premier Ray Charles avant tout le monde – il l’avait même vu sur scène. Ce disque, je l’ai moi-même entendu pour la première fois lors d’une de ces pauses-déjeuner. »
RAY CHARLES
What I’d Say
XLVI
« Il (Michael Ross, camarade de classe) m’a fait connaître Sanford Clark, un chanteur country énorme, très à la Johnny Cash, tout droit sorti des champs de coton en passant par l’Air Force avec un hit intitulé « The Fool« . De lui, on jouait surtout « Son Of a Gun« , parce que c’était la seule chanson que nos instruments pouvaient supporter, mais une super chanson quand même. »
SANFORD CLARK
The Fool
Son Of a Gun
JOHNNY CASH
I Walk The Line
XLVII
(lettre à sa tante, lui racontant sa rencontre avec Mick Jagger sur un quai de gare) « Il a tous les disques de Chuck Berry, et ses potes aussi, c’est tous des fans du rhythm’n’blues, je veux parler du vrai R&B (pas les merdes comme Dinah Shore et Brook Benton), Jimmy Reed, Muddy Waters, Chuck, Howlin’ Wolf, John Lee Hooker, tous les bluesmen de Chicago, tout ce qui se fait de mieux, merveilleux. Bo Diddley, c’est un autre grand. »
DINAH SHORE
I’ll Be Seing You
BROOK BENTON
It’s Just A Matter Of Time
JIMMY REED
Ain’t That Lovin’ You
JOHN LEE HOOKER
Boom Boom
BO DIDDLEY
Road Runner
XLVIII
(toujours la même lettre) « Bien sûr, ici on a toujours les vieilles croûtes, tu vois qui je veux dire, Cliff Richard, Adam Faith et les deux nouvelles étoiles Shane Fenton et John Leyton. JAMAIS ENTENDU PAREILLE MERDE. Sauf pour ce Rital de Sinatra ha ha ha ha ha.
« J’ai maté ma toquante Quatre plombes cinq, Mec, j’savais plus vraiment Si j’étais mort ou vivant. » Citation : Chuck Berry, « Reeling and a Rocking«
ADAM FAITH
The Time Has Come
SHANE FENTON
I’m A Moody Guy
JOHN LEYTON
Lonely City
FRANK SINATRA
That’s Life
CHUCK BERRY
Reeling And A Rocking
XLIX
« Est-ce que Mick et moi, ça a collé ? Quand on monte en voiture avec un type qui se balade avec Rockin’ at the Hops de Chuck Berry et The Best of Muddy Waters (albums) sous le bras, c’est obligé. C’est comme s’il possédait de l’or en barre. Un putain de magot. »
CHUCK BERRY
Rockin’ at the Hops
Bye Bye Johnny
Worried Life Blues
Down The Road a Piece
Confessin’ The Blues
Too Pooped To Pop
Mad Lad
I Got To Find My Baby
Betty Jean
Childhood Sweetheart
Broken Arrow
Driftin’ Blues
Let It Rock
MUDDY WATERS
The Best Of Muddy Waters
I Just Want To Make Love To You
Long Distance Call
Louisiana Blues
Honey Bee
Rollin’ Stone
(Les Rolling Stones se sont appelés comme ça pour cette chanson)
I’m Ready
I’m Your Hoochie Coochie Man
She Moves Me
I Want You To Love Me
Standin’ Around Cryin’
Still A Fool
I Can’t Be Satisfied
L
« Dave Golding, de Bexleyheath, avait ses entrées chez Su Records, et il nous a fait découvrir des artistes comme Charlie et Inez Foxx, de la soul de base, qui ont eu un hit avec « Mockingbird » peu de temps après. On racontait que Golding avait la meilleure collection de soul et de blues de la région de Londres, et comme Mick le connaissait, il passait le voir directement chez lui. »
CHARLIE & INEZ FOXX
Mockingbird
LI
« Le blues était leur seul point commun (entre Golding et tous les gens qui venaient chez lui), il y avait des gens de tous les âges et de tous les bords. Ça faisait drôle d’entrer dans une pièce où la seule chose qui comptait c’était le dernier disque de Slim Harpo qu’on était en train d’écouter – et tout le monde était d’accord. »
SLIM HARPO
I’m A King Bee
LII
« C’était aussi ma passion (le blues) , mais ça ne m’intéressait pas d’en parler avec eux (les puristes du blues). Je refusais d’en discuter ; je me contentais de demander : « Je peux ré-écouter ? Je sais comment ils jouent ça, j’ai juste besoin de vérifier. » C’était ça, notre but, en fait ; à ce moment, même une fille n’aurait pas réussi à me détourner du dernier B.B. King ou Muddy Waters. »
B.B. King
Lucille
LIII
« Parfois, les parents de Mick lui prêtaient leur caisse, une Triumph Herald, et c’est comme ça qu’un week-end on est allés à Manchester pour un grand concert de blues. Il y avait Sonny Terry, Brownie McGhee, John Lee Hooker et Muddy Waters. (…) Il y en avait plein d’autres, comme Memphis Slim«
SONNY TERRY
Whoopin’ The Blues
BROWNIE MCGHEE
Born And Livin’ With The Blues
MEMPHIS SLIM
Everyday I Have The Blues
LIV
« Il (Muddy Waters) avançait comme un bulldozer, comme Dylan un an plus tard au Manchester Free Trade Hall. »
BOB DYLAN
Mr. Tambourine Man
LV
« Mais le terrain était miné, et j’ai compris alors que ces gens n’écoutaient pas la musique. Ils voulaient juste faire partie d’une petite clique qui se la pétait. Muddy jouait génialement, son groupe, c’était du feu de Dieu. Il y avait là Junior Wells, et Hubert Sumlin aussi. »
JUNIOR WELLS
Messin’ With The Kids
HUBERT SUMLIN
Sometimes I’m Right
LVI
« Il y avait aussi un arrière-plan politique. Alan Lomax et Ewan MacColl – deux célèbres chanteurs folk, qui recueillaient aussi beaucoup de morceaux et étaient les patriarches ou les idéologues du boom folk – adoptaient une ligne marxiste selon laquelle cette musique appartenait au peuple et devait donc être protégée contre la corruption capitalistique. »
ALAN LOMAX
Appalachian Journey
EWAN MACCOLL
The Manchester Rambler
LVII
« La moitié des Blacks en question ne sont jamais retournés aux États-Unis : là-bas, on les traitait comme de la merde, alors qu’en Europe, de belles Danoises blondes se bousculaient pour leur tomber dans les bras. Alors pourquoi rentrer ? Après la seconde guerre mondiale, les artistes noirs avaient découvert qu’ils étaient bien mieux traités en Europe, comme Josephine Baker, Champion Jack Dupree et Memphis Slim en avaient fait l’expérience à Paris. »
JOSEPHINE BAKER
J’ai Deux Amours
CHAMPION JACK DUPREE
Drunk Again
LVIII
« On (Mick et lui) adorait la pop. On se serait damnés pour les Ronettes ou les Crystals. J’aurai pu écouter ça toute la nuit. »
THE CRYSTALS
He’s A Rebel
LIX
« Mick fréquentait Dick Taylor (premier bassiste des Rolling Stones, entre autre, et membre des Pretty Things), un camarade d’école primaire qui était aussi à Sidcup. Je me suis joint à eux vers la fin de 1961. Il y avait Bob Beckwith, qui jouait de la guitare et avait un ampli, ce qui faisait de lui quelqu’un de très important. Au début, le plus souvent on n’avait qu’un ampli et on branchait trois guitares dessus. On s’appelait Little Boy Blue and the Blue Boys. « Blues Boy » c’était ma guitare… »
THE PRETTY THINGS
Don’t Bring Me Down
LITTLE BOY BLUE AND THE BLUE BOYS
Beautiful Delila
LX
« Pour nous (Dick, Mick, Keith et Bob), c’était du pareil au même de jouer « Not Fade Away » , « That’ll Be The Day » ou « C’mon Everybody » ou encore « I Just Want To Make Love To You« . Tout ça, c’était le même genre de truc. »
BO DIDDLEY
Not Fade Away
EDDIE COCHRAN
C’mon Everybody
BUDDY HOLLY
That’ll Be The Day
LXI
« Dans notre premier repertoire (au Little Boy Blue) il y avait « Around and Around » et « Reelin’ and Rockin’ » de Chuck Berry, « Bright Lights, Big City » de Jimmy Reed et, la cerise sur le gâteau, « La Bamba » , chanté par Mick dans du pseudo espagnol. »
CHUCK BERRY
Around and Around
JIMMY REED
Bright Lights, Big City
ANDRES HUESCA
La Bamba
LXII
« Le rhythm’n’blues a été notre porte d’entrée. Chaque semaine, Cyril Davies et Alexis Korner organisaient des soirées au Jazz Club d’Ealing pour les mordus de R&B. »
CYRIL DAVIES
Sweet Mary
ALEXIS KORNER
Get Off My Cloud
LXIII
« C’est au Jazz Club d’Ealing qu’on a fait la connaissance de Brian Jones (fondateur des Stones). Il se faisait appeler « Elmo Lewis ». À l’époque il voulait ressembler à Elmore James. « Mec, va falloir que tu bronzes et que tu grandisses un peu ! » La guitare slide était une nouveauté en Angleterre. Ce soir-là, Brian en a joué sur « Dust My Broom« , et on était sur le cul. Il était super bon. Il nous a beaucoup impressionnés. »
ELMORE JAMES
Dust My Broom
LXIV
« Je me suis rendu au Bricklayers Arms, un pub miteux de Soho, pour la première répétition de ce qui allait devenir les Stones. Je crois que ca s’est passé en mai 1962, une soirée de printemps délicieuse. Strip Alley, juste à côté de Wardour Street. Je me pointe avec ma guitare. (…) Typique serveuse blonde, pas beaucoup de clients, une odeur de bière rance. Dès qu’elle voit ma guitare elle me dit : « C’est en haut. » Et j’entend un piano boogie-woogie, des trucs incroyables à la Meade Lux et Albert Ammons. » Ca me met dans tous mes états. »
MEADE LUX
Honky Tonk Train Blues
ALBERT AMMONS
Boogie Woogie Dream
LXV
« Alors, t’es venu ? » (C’est Stu qui parle, un ami de Brian Jones qui a invité Mick et Keith dans un pub) Et on s’est mis à jouer, et il m’a dit : « Tu ne vas pas jouer cette merde de rock’n’roll, hein ? » Stu était vraiment réservé vis-à-vis du rock. J’ai dit : « Ouais », et j’ai attaqué par du Chuck Berry. Stu : « Tu connais Johnnie Johnson ? » – c’était le pianiste de Chuck – et on a commencé à se lâcher style boogie-woogie. »
JOHNNIE JOHNSON
Everyday I Have The Blues
LXVI
« Les autres commençaient à arriver. Outre Mick et Brian, il y avait Geoff Bradford, un super guitariste de blues qui accompagnait Cyril Davies à la slide, et Brian Knight, un autre fana de blues, dont le repertoire consistait en un seul et unique morceau, « Walk On, Walk On« . Il savait jouer ça et rien d’autre. »
GEOFF BRADFORD
Picking The Blues
SONNY TERRY & BROWNIE MCGHEE
Walk On
LXVII
« Par la suite, Geoff Bradford et Brian Knight ont formé un groupe de blues qui a très bien marché, les Blues By Six. Mais à la base c’était des tradis qui ne voulaient surtout pas jouer autre chose que ce qu’ils connaissaient : Sonny Terry et Brownie McGhee, Big Bill Broonzy. Après avoir joué « Sweet Little Sixteen » et « Little Queenie » avec Stu, on a fait un deal, sans se dire un mot. Ça avait bien marché. « Donc je reviens ? – À jeudi prochain. »
CHUCK BERRY
Little Queenie
LXVIII
« Ce que j’entendais me laissait sur le cul. Le jeu de guitare, les paroles, l’interprétation, tout était à un autre niveau. Et c’était troublant, parce que ce n’était pas un groupe mais un type (Brian Jones) qui jouait tout seul. Je ne voyais pas comment on pouvait jouer ça. Et on a compris que les types qu’on jouait, comme Muddy Waters, avaient aussi grandi en écoutant Robert Johnson et l’avaient transformé en de la musique pour un groupe. Autrement dit, c’était juste une progression. Robert Johnson était un homme-orchestre. Certains de ses morceaux sont presque construits comme du Bach. »
ROBERT JOHNSON
Sweet Home Chicago
LXIX
Les Stones se sont formés, ils ont trouvé leur nom de groupe, et cherchent à se produire.
« Enfin un plan. Alexis Korner devait faire un show en direct avec son groupe le 12 juillet 1962 à la BBC et il nous a demandé de le remplacer au Marquee. Ce soir-là, le batteur était Mick Avery – et non Tony Chapman, comme on le dit parfois à tort- et Dick Taylor était à la basse. Le noyau original des Stones, Mick, Brian et moi. On a joué notre playlist : « Dust My Broom« , « Baby, what’s wrong ?« , « Doing The Crawdaddy« , « Confessin’ The Blues« , « Got My Mojo Working« . »
JIMMY REED
Baby What’s Wrong ?
BO DIDDLEY
Doing The Crawdaddy
LITTLE WALTER
Confessin The Blues
MUDDY WATERS
Got My Mojo Working
LXX
« Jimmy Reed a passé sa vie pété. Lors d’un concert resté célèbre, il était monté sur scène avec près de deux heures de retard, avait annoncé : « Je vais jouer « Baby, What You Want Me To Do ?« », puis avait gerbé sur les deux premiers rangs. »
JIMMY REED
What You Want Me To Do ?
LXXI
« Le minimalisme a un certain charme. Vous vous dîtes : « C’est un peu toujours la même chose, non ? », mais quand ca s’arrête vous en redemandez. Il n’y a rien de mal à la monotonie. On doit tous vivre avec. Et ces titres géniaux qu’il (Jimmy Reed) avait… « Take Out Some Insurance » : ce n’est pas tous les jours qu’on voit des titres comme ça. Et ses thèmes, ça se résumait toujours à sa meuf et lui se prenant le chou : « Bright Lights, Big City », « Baby What You Want Me To Do ?« , « String To Your Heart« … Un humour ravageur. L’une de ses expressions : « Faut pas qu’tu prennes le métro, j’te vois mieux dans un train. » Ce qui signifie que tu ne dois pas toucher à l’héro, pas descendre sous terre, qu’il est préférable de s’en tenir à la picole ou à la coke. »
JIMMY REED
Take Out Some Insurance
String To Your Heart
LXXII
« J’étais aussi très emballé par le guitariste de Muddy Waters, Jimmy Rogers, et par les frères Myers, qui accompagnaient Little Walter. C’était des maîtres, ils étaient à l’origine même de la synchro. »
JIMMY ROGERS
You’re Sweet
LXXIII
« Pat Hare avait lui aussi joué avec Muddy Waters, et enregistré quelques titres avec Chuck Berry. L’un de ses enregistrements était intitulé : « I’m Gonna Murder My Baby« . »
PAT HARE
I’m Gonna Murder My Baby
LXXIV
« Et puis il y avait Matt Murphy, Hubert Sumlin, d’autres bluesmen de Chicago, certains plus portés sur le solo que d’autres… »
MATT MURPHY
Murphy’s Boogie
HUBERT SUMLIN
Come On In My House
LXXV
« C’est un jeune blanc, Bobby Goldsboro, un gars qui avait eu deux ou trois hits dans les années 1960, qui m’a montré le truc (un riff de guitare) »
BOBBY GOLDSBORO
Honey
LXXVI
« La plupart des bluesmen des années 1950, les Albert King et les BB King, étaient des interprètes à « une seule note ». T-Bone Walker a été l’un des premiers à recourir à la double corde, c’est-à-dire à jouer sur deux cordes au lieu d’une, et Chuck Berry a été très influencé par lui. »
ALBERT KING
Blues Power
T-BONE WALKER
Don’t Throw Your Love On Me So Strong
LXXVII
« Les orchestres de jazz tradi (…) avaient d’excellents musicos, Chris Barber et tout ça, ils tenaient le devant de la scène, mais ils n’arrivaient pas à comprendre un point important : les choses étaient en train de bouger et ils devaient diversifier leur musique. »
CHRIS BARBER
Just A Closer Walk With Thee
LXXVIII
« Il était (Chuck Berry) monté sur scène avec Jo Jones, un pari très gonflé parce que Jones, batteur de Count Basie et de bien d’autres, était une sommité du jazz. »
COUNT BASIE
Swingin’ The Blues
LXXIX
« À l’époque il (Oldham, manager des Stones jusqu’en 1967) était très propre sur lui. Il continuait à marcher à fond dans l’idée des Beatles, de leurs uniformes, l’apparence soignée et standardisée. Pas nous. Et il a essayé de nous mettre en uniforme, nous aussi. (…) Le fait est qu’il a pigé très vite qu’il devait se résigner. »
THE BEATLES
Because
LXXX
« Notre premier album, plus une bonne partie du second, plus « Not Fade Away » qui a été notre grande percée en nous propulsant à la troisième place du hit-parade en février 1964, tout ça a été fait au milieu de boîtes à oeufs. »
THE ROLLING STONES
Not Fade Away
LXXXI
« Ces premiers disques ont été enregistrés dans différents studios, avec des participations aussi impromptues qu’incroyables, par exemple Phil Spector tenant la basse dans « Play With Fire » (…) Bo Diddley s’est aussi joint à nous, et Gene Pitney, qui allait enregistrer l’un des premiers titres que j’aie composés avec Mick, « That Girl Belongs To Yesterday« .
THE ROLLING STONES
Play With Fire
That Girl Belongs To Yesterday
LXXXII
« J’aimais bien Tom Jones (…) et son groupe The Squires. »
THE SQUIRES
Going All The Way
LXXXIII
« Un jour, Andrew décide de faire un tour pour échapper à la morosité ambiante et tombe sur John et Paul qui descendent d’un taxi sur Charing Cross Road. Ils prennent un verre ensemble et les deux Beatles perçoivent le malaise d’Andrew. Il leur explique : pas de chanson. Ils reviennent au studio avec lui et nous en donnent une qui est sur leur prochain album mais ne doit pas sortir en single, « I Wanna Be Your Man« . »
THE ROLLING STONES
I Wanna Be Your Man
LXXXIV
« Nos premiers disques ont tous été des reprises, « Come On« , « Poison Ivy« , « Not Fade Away« … On jouait de la musique américaine pour les anglais, c’est tout, et on la jouait sacrément bien, au point que certains américains tendaient l’oreille. »
THE ROLLING STONES
Poison Ivy
LXXXV
« Sur la route, on tétait du Motown, on guettait le dernier morceau des Four Tops ou des Temptations. »
FOUR TOPS
Reach Out, I’ll Be There
THE TEMPTATIONS
Papa Was A Rolling Stone
LXXXVI
« …Ed Sullivan interdise à Mick de chanter « Let’s Spend The Night Together » dans son show télé – c’est devenu « Let’s Spend Some Time Together« . Tout était dans la nuance, mais ça voulait dire quoi ? Que les nuits n’existaient pas chez CBS ? Dément. »
ROLLING STONES
Let’s Spend The Night Together
LXXXVII
« Avec Andrew on s’est pointés au Brill Building, le nouveau Tin Pan Alley (nom donné au block de la 28e rue à New York) de la chanson américaine, pour tenter de rencontrer le grand Jerry Leiber, et il n’a pas voulu nous recevoir. Quelqu’un nous a reconnus et fait entrer. On a écouté un tas de chansons et on est ressortis avec dans la poche « Down Home Girl« , un super thème funk de Leiber et Butler, que nous avons enregistré en novembre 1964. »
JERRY LEIBER
Stand By Me
THE ROLLING STONES
Down Home Girl
LXXXVIII
« On adorait les groupes de filles, la soul de Harlem, le doo-wop : les Marvelettes, les Crystals, les Chiffons, les Chantels, on s’en mettait plein les oreilles et on en redemandait. Les Ronettes, bien sûr, le plus chaud de tous les groupes de filles. Mais aussi les Shirelles, qui chantaient « Will You Love Me Tomorrow« . Shirley Owens, leur chanteuse lead, avait une voix dingue, parfaitement équilibrée, naturelle, avec une fragilité et une simplicité étonnantes, comme si elle venait d’apprendre à chanter. Dans tous ce qu’on entendait, c’était évident, les Beatles avaient une influence, les Isley Brothers faisaient même « Please Mr Postman » et « Twist And Shout« .
THE MARVELETTES
Please Mr Postman
THE CRYSTALS
Then He Kissed Me
THE CHIFFONS
One Fine Day
THE CHANTELS
Maybe
THE SHIRELLES
Will You Still Love Me Tomorrow
ISLEY BROTHERS
Twist And Shout
LXXXIX
« Ensuite on a sillonné le Texas (…) C’est là que j’ai fais la connaissance de Bobby Keys, saxophoniste de génie, mon meilleur pote. Il accompagnait George Jones. Ils déboulaient sur scène dans un nuage de poussière, comme une bande de cow-boys. Mais quand George s’y mettait, on se disait : « Waouh, il y a un maestro sur scène. »
BOBBY KEYS
Honky Tonk
GEORGE JONES
He Stopped Loving Her Today
XC
(Bobby Keys qui parle) « À l’époque, j’accompagnais un certain Bobby Vee, qui avait eu un hit avec « Rubber Ball (I Keep Bouncing Back To You)« . La tête d’affiche, c’était nous. Jusqu’au moment où les Stones ont débarqué et nous ont piqué la place. »
BOBBY VEE
RUBBER BALL (I KEEP BOUNCING BACK TO YOU)
XCI
« En Angleterre on était numéro un, mais dans l’Amérique profonde, on était rien du tout. Leur style, c’était plutôt les Dave Clark Five ou les Swinging Blue Jeans. »
THE DAVE CLARK FIVE
Because
THE SWINGING BLUE JEANS
Hyppi Hyppi Shakes
XCII
« La première fois que j’ai vu quelqu’un chanter sur un enregistrement, c’était les Shangri-Las, sur « Remember« . Trois New-Yorkaises très bien foutues et tout ça, mais soudain tu te rends compte qu’il n’y a pas de groupe, et qu’elles chantent accompagnées par un groupe enregistré. On a aussi eu droit aux Green Men, de l’Ohio, je crois. Ils se peignaient en vert ! »
SHANGRI-LAS
Remember
XCIII
« Avec Patti LaBelle et les Bluebelles, il y avait aussi la jeune Sarah Dash, toujours suivie par une femme habillée comme pour la messe du dimanche, qui ne la lâchait pas d’une semelle et t’assassinait du regard si tu la matais. On l’appelait « Inch » (Pouce). Elle était gentille et courte sur pattes. Vingt ans plus tard elle refera surface dans mon histoire. »
PATTI LABELLE AND THE BLUEBELLES
I Sold My Heart To The Junkman
XCIV
« Là (au 2120 South Michigan Avenue à Chicago chez Chess Records) dans le meilleur des studios d’enregistrement, dans la pièce même où tout ce qu’on aimait écouter était fabriqué, contents d’être là et sans doute aussi parce que des types comme Buddy Guy, Chuck Berry et Willie Dixon n’arrêtaient pas d’aller et venir, on a enregistré quatorze morceaux en deux jours. L’un d’eux s’intitulait « It’s All Over Now » de Bobby Womack, qui a été notre premier numéro un. »
WILLIE DIXON
I Can’t Quit You Baby
BOBBY WOMACK
It’s All Over Now
ROLLING STONES
It’s All Over Now
XCV
« La musique noire américaine avançait à un train d’enfer. Côté blanc, après la mort de Buddy Holly et Eddie Cochran et le départ d’Elvis à l’armée, on écoutait les Beach Boys et Bobby Vee. (…) Mais tout a changé. Les Beatles sont passés par là. Et puis les Fab Four eux-mêmes se sont retrouvés enfermés dans leur cage dorée. Et immanquablement il y a eu les Monkees et tous les ersatz de merde.
THE MONKEES
I’m A Believer
XCVI
« C’est plus tard seulement, en écoutant « Pet Sounds » – bon, c’est un peu surproduit à mon goût -, que j’ai compris que Brian Wilson avait un truc. « In My Room« , « Don’t Worry Baby« . (…) Je m’adaptais facilement au langage de la pop. »
BRIAN WILSON
Pet Sounds
In My Room
THE BEACH BOYS
Don’t Worry Baby
XCVII
« On a fini par connaître le moindre label, les groupes du pays, c’est d’ailleurs comme ça qu’on a découvert « Time Is On My Side« , à Los Angeles, chantée par Irma Thomas. »
IRMA THOMAS
Time Is On My Side
XCVIII
« Depuis lors, j’ai eu l’occasion de demander à des musiciens blancs, Joe Walsh par exemple, le guitariste des Eagles, ce qu’ils écoutaient quand ils étaient jeunes, et c’était souvent des trucs provinciaux, un choix réduit, lié à la programmation d’une station FM locale, blanche en général. (…) Il (Joe Walsh) a aussi décidé sur-le-champs qu’il était fait pour une vie de troubadour – et aujourd’hui on ne peut plus mettre les pieds dans un diner sans entendre le fameux riff d' »Hotel California« ».
EAGLES
Hoteeal California
XCIX
« Quand on a sorti « Little Red Rooster« , un blues hardcore de Willie Dixon avec guitare slide et tout, c’était audacieux pour le moment, c’est-à-dire novembre 1964. »
THE ROLLING STONES
Little Red Rooster
C
« Je (Ronnie des Ronettes) les (Mick & Keith) ai emmenés écouter James Brown à l’Apollo, et je pense que ça les a changés. »
JAMES BROWN
The PayBack
CI
« Jusque-là, tout avait été facile. Suffisait d’inviter Helen Shapiro, Alma Cogan, des gens comme il faut, très Variety Club, ou une autre de ces associations du showbiz dont tout le monde faisait partie. Et voilà que, boum, on débarque sans crier gare. Je suis sûr que David (présentateur TV) a dû penser : « Merci infiniment, la BBC, je mérite une augmentation pour avoir supporté cette bande. » On ne pouvait pas faire pire ? Attends de voir les Sex Pistols, mon pote… »
HELEN SHAPIRO
You Don’t Know
ALMA COGAN
The Birds And The Bees
SEX PISTOLS
Holidays In The Sun
CII
« Heureusement, il y avait Roy Orbison ! »
ROY ORBISON
You Got It
CIII
« Avec Mick on a passé des mois et des mois à composer avant de pondre quelque chose de présentable aux Stones. On a commis des chansons avec des titres horribles comme « We Were Falling In Love » et « So Much In Love« , sans oublier « (Walkin’thru the) Sleepy City » (un plagiat de « He’s A Rebel« ). Certaines ont connu un petit succès : Gene Pitney, par exemple, a chanté « That Girl Belongs To Yesterday », même s’il a amélioré les paroles et le titre, qui était à l’origine « My Only Girl« . J’ai écrit un joyau oublié intitulé « All I Want Is My Baby« , que le chanteur de folk rock West Coast Bobby Jameson a ensuite enregistré. J’ai écris « Surprise, Surprise« , chanté par Lulu. On a mis fin à une succession ininterrompue de hits de Cliff Richard avec notre « Blue Turns To Grey » – l’une des rares fois où l’un de ses disques n’entrait « que » dans le « Top 30 ». Et lorsque les Searchers ont chanté « Take It Or Leave It« , ça les a plombés aussi. Nos compositions avaient donc une double fonction : rapporter de l’argent et handicapper la concurrence. »
THE ROLLING STONES
We Were Falling In Love
Sleepy City
THE CRYSTALS
He’s A Rebel
GENE PITNEY
That Girl Belongs To Yesterday
WEST COAST BOBBY JAMESON
All I Want Is My Baby
LULU
Surprise, Surprise
CLIFF RICHARD
Blue Turns To Grey
THE SEARCHERS
Take It Or Leave It
Chloé Janiaud